Si le nom de Fousseni Saïbou circule aujourd’hui dans les cercles du journalisme ouest-africain pour ses enquêtes primées, son histoire médiatique a commencé bien plus tôt, dans les studios naissants des premières radios privées du Togo. Ce vétéran des ondes vient d’ajouter une nouvelle distinction à son palmarès déjà bien fourni : le prix du meilleur reportage d’investigation aux WAMECA 2025.
Avant les récompenses internationales, il y avait l’engagement local. Dans les années 2000, Fousseni Saïbou figurait parmi les pionniers qui ont fait émerger les radios privées dans le centre du Togo. C’est particulièrement à Sokodé qu’il a œuvré au développement de la radio jeunesse, donnant pour la première fois une voix à une région souvent marginalisée dans le paysage médiatique national.
Son parcours est jalonné de reconnaissances qui attestent de la diversité de ses talents. Dès 2016, il remportait les prestigieux African Climate Change and Environment Reporting Awards à Addis-Abeba pour sa couverture des questions environnementales.
L’année 2017 a confirmé son talent avec le prix de la catégorie « Santé » aux WAMECA. Sa consécration s’est poursuivie avec sa sélection parmi les quinze lauréats de la première édition des « Lauriers du Journalisme d’Impact », lui valant équipements professionnels et stages de formation à l’étranger.
Sa plus récente distinction, décrochée en 2025 pour son article « Sokodé, un miroir de la crise migratoire en Afrique », revêt une signification particulière. Ce travail met en lumière le drame des jeunes de sa région natale qui risquent leur vie sur des routes périlleuses.
« Je suis originaire de cette région, je connais la douleur des familles qui perdent leurs enfants dans la mer », confie le journaliste, évoquant le naufrage de 2023 qui a coûté la vie à neuf jeunes de Sokodé tentant de rejoindre le Gabon ou l’Europe.
Fait notable, ce reportage primé marquait ses débuts dans la presse écrite. « On parle beaucoup de migration ailleurs, mais rarement de celle qui se joue chez nous, au centre du Togo. C’est une réalité douloureuse que j’ai voulu raconter », explique-t-il.
Du studio radio de ses débuts aux investigations internationalement reconnues, le parcours de Fousseni Saïbou incarne cette nouvelle génération de journalistes africains qui, sans renier leurs racines, portent haut les standards d’un journalisme exigeant et humain.
La rédaction
